Surveillante pénitentiaire pendant près de 15 ans, Sylvie Schoeser décide de vivre de sa passion pour l’artisanat. En 2021, elle se lance dans l’aventure de l’entrepreneuriat accompagnée par Initiative Ouest Provence en ouvrant « l’atelier des Créas » à Miramas. Dans sa boutique, Sylvie expose des pièces uniques réalisées par des créateurs locaux et engagés dans une démarche éco-responsable, de circuits courts et de upcycling. Un salon de thé et une association de loisirs créatifs viennent compléter l’offre de son concept store.

Quel est votre parcours professionnel ?

Après avoir obtenu un bac +2 en commerce/gestion, je me suis très vite lancée dans le monde du travail. J’ai occupé différents postes dans des secteurs d’activités variés : vente, secrétariat, relation client, etc. Puis, j’ai validé le concours de la fonction publique et j’ai été surveillante pénitentiaire jusqu’à l’année dernière. C’était un travail très intéressant mais difficile. Après plus de 15 ans de métier, j’ai voulu changer de vie.

Déjà très jeune, j’avais l’envie d’ouvrir mon commerce. Mais ce n’étais jamais le bon moment. En 2021, une loi a été votée ouvrant le droit à la rupture conventionnelle pour les fonctionnaires. Après avoir établi une convention de rupture avec mon employeur, j’ai pu bénéficier d’une indemnisation et du chômage. J’ai investi cette prime dans mon projet de création d’entreprise et l’ARE me permet d’avoir une rentrée d’argent pendant 2 ans.

Comment avez-vous défini votre concept ?

J’ai toujours été passionnée par les loisirs créatifs. J’aime le travail manuel que ce soit la couture, le crochet ou la peinture, je pratique beaucoup durant mon temps libre. Je voulais que mon projet professionnel soit lié à ma passion pour l’artisanat.

En 2021, lors de mes premières démarches entrepreneuriales, j’ai craqué pour ce local qui avait beaucoup de charme : de beaux volumes, un mur en pierre et une hauteur sous plafond impressionnante. Je me suis vite projetée malgré les travaux à réaliser. Le bâtiment était complétement à réhabiliter : le propriétaire a pris en charge une partie des travaux et de mon côté, je me suis occupée de la plomberie, de l’électricité et de son agencement. J’ai peaufiné mon projet à ce moment-là : l’espace principal serait dédié à mon commerce et l’étage accueillerait l’atelier de loisirs créatifs.

Tous les produits à la vente sont fabriqués par des artisans de Miramas ou des villes aux alentours. Je mets un point d’honneur à sélectionner des créateurs engagés dans une démarche éco-responsable, de circuits courts et de upcycling (donner une seconde vie aux objets). Parmi les produits artisanaux et locaux, on peut retrouver de l’épicerie sucrée et salée (calissons, navettes, berlingots, thé, etc.) de la décoration (tableaux, mosaïques, statuettes, etc.) des accessoires (écharpes, bonnets, bijoux, sacs) et je dédie tout une partie aux accessoires pour bébés et enfants réutilisables et zéro déchet.

En fonction de la saison, je propose aussi des produits spécifiques. Par exemple, pendant la période des fêtes de fin d’année, je valorise les décorations de noël : centre de table, couronne de noël, bougeoir, petite création en crochet pour décorer son sapin, etc.

Les artistes exposés sont très engagés dans la vie du commerce. Ils sont en mesure de personnaliser chaque création ou de confectionner des produits sur-mesure en fonction des besoins et des demandes des clients. Certains d’entre eux animent aussi les ateliers de l’association.

Comment sélectionnez-vous les créateurs que vous exposez ?

Pendant plusieurs années, j’ai beaucoup réseauté et j’ai pu rentrer en contact avec de nombreux artisans locaux dont la plupart sont devenus de très bons amis. Cette démarche, je l’applique aussi sur Internet via les réseaux sociaux, les groupes ou les plateformes en ligne où je découvre très souvent de petites pépites.

Les créateurs peuvent être représentés de deux manières dans mon magasin : en achat-vente ou en dépôt-vente. Lorsque je pratique de l’achat-vente, je prends plus de risques qu’en dépôt-vente car j’achète le stock. Mais, j’ai plus de liberté car je peux sélectionner plus facilement les produits, je fixe mes prix et ma marge est plus importante. Sur du dépôt-vente, mon pourcentage est moindre mais je peux faire tourner les artistes que je valorise. Il y a tout de même un noyau dur de 5/6 créateurs qui sont exposés en permanence.

En parallèle, vous proposez aussi un salon de thé et un coffee shop ?

J’aimais bien le concept de proposer un salon de thé familial. J’ai deux enfants et c’est vrai qu’un tel lieu n’existe pas à Miramas. Par expérience personnelle, quand nous voulions nous balader en famille et prendre le gouter dans un lieu convivial, nous ne trouvions pas d’endroit sympa. Ici, je propose du thé, du café, des petits gâteaux, des boissons fraîches et des glaces en été.

L’année prochaine, j’aimerais obtenir la licence 3 afin de commercialiser des bières artisanales de la région.

Vous avez également une association de loisirs créatifs. Comment fonctionne-elle ?

J’ai créé l’association cette année. Je propose des cours de crochet, de tricot, de couture et de tissage de perle. Tous les 15 jours, le soir, les adhérents se réunissent autour de leurs projets respectifs. Ils créent ensemble et s’entraident dans une ambiance conviviale. Les ateliers sont ouverts à tous à partir de 8/10 ans pour une participation annuelle de 30 €.

Je propose aussi à la vente des kits « Do It Yourself » pour réaliser du tissage en macramé ou de la couture par exemple. Les adhérents peuvent acheter ce kit à un tarif préférentiel et le fabriquer lors de nos soirées dédiées aux loisirs créatifs.

En ce moment, j’accueille également deux stagiaires en formation CAP couture au lycée des Ferrages à Saint-Chamas. Elles travaillent pour un projet mené en collaboration avec les associations Octobre Rose et Lovely Solidarity (www.lovelysolidarity.org) qui créent des petites poches pour cacher les drains des femmes qui ont subi une chirurgie à la suite d’un cancer du sein. Nous créons ce « Lovely Bag » et nous le distribuons aux femmes qui en ont besoin à leur sortie de l’hôpital. Tous ces sacs sont uniques et sont créés par un patchwork de couturières bénévoles apportant chacune leur touche personnelle. Un mot écrit par la couturière est glissé à l'intention de la personne opérée.

Quels sont vos projets d’avenir ?

Mon projet à court terme est lié aux fêtes de fin d’année, une période très importe pour moi en termes de chiffre d’affaires. Pour dynamiser mon commerce, j’expose sur des marchés de noël (Martigues et Miramas). Je me déplace également dans les maisons de retraite pour présenter mes créations et celles de mes partenaires. J’ai la chance d’être entouré de bénévoles qui font tourner la boutique quand je tiens un chalet sur un marché. En contrepartie, je présente leurs créations lors d’évènements. C’est un échange de bons procédés.

Mon second objectif est de pouvoir exploiter la terrasse à l’étage. Pour cela, il faut que je lance des travaux de rénovation afin d’en faire un lieu de vie chaleureux pour tous les adhérents.

Enfin, mon dernier objectif et non des moindres, est d’optimiser mon site de vente en ligne. J’envisage de faire appel à un prestataire afin de réaliser une refonte de celui-ci et surtout d’améliorer son référencement.

Comment Initiative Ouest Provence vous a accompagné dans votre projet ?

C’est Nawel Biar, chargée d’affaires chez Initiative Ouest Provence qui m’a accompagné. Elle m’a aidé à monter mon dossier de financement, a travaillé mon prévisionnel et m’a rassuré dans toutes les questions que je me posais. Après mon passage en comité d’agrément, j’ai obtenu un prêt d’honneur de 6 000 €. Si je dois faire un bilan de la première année écoulée, je suis optimiste car mon chiffre d’affaires est en croissance !

L’atelier des créas
2 Rue Paul Vaillant Couturier, 13140 Miramas
Ouvert du mardi au samedi de 9h00 à 12h00 et de 14h30 à 19h00
Facebook / Instagram
www.latelierdescreas.com

Crédit photo : Ludivine Rambaud